jeudi 14 février 2019

Massive Attack, Nantes, Zénith le 13/02/19




L’effet de ce disque sur ma pomme ! Je me suis revu, squattant la chambre et la nouvelle chaine stéréo de la frangine, et surtout cette claque ressentie lorsque j’ai entendu cette musique ! Attirante, repoussante, lumineuse, noire, brassant pleins de styles différents (reggae, dub, hip hop, rock, metal…). Une œuvre qui me reste chère, qui n’a pas pris une ride, qui (me) bouleverse toujours autant… Un disque majeur, quoi ! Du genre que l’on porte, que l’on a en soi jusqu’à la fin de ses jours. Qui restera quoiqu’il (nous) arrive !

Les parkings environnants sont bondés (cela faisait un bout de temps que j’avais vu cela !) ; les files d’attentes pour rentrer sur site sont pleines ; une femme chargée de la sécurité nous gueule dessus et dit d’avancer mais c’est impossible ; l’attente est interminable jusqu’à l’arrivée dans cette salle qui est déjà bien remplie ! Il n’y aura pas de première partie, pas de (longs) discours, pas de rappel ! Brut ! Complètement, entièrement comme est Mezzanine.


Après avoir entendu avec ce qu’il se fait de pire de la scène musicale anglo/américaine des 90’s et 00’s (Cher, la scie/slow de Robbie Williams…), craché (c’est le mot, tellement s’était inaudible et saturé !) dans les enceintes, les lumières s’éteignent et les musiciens s’installent ! Bruit blanc et images stroboscopiques qui mettent mal à l’aise ! Le spectacle est posé, tout comme le propos. I Found a Reason du Velvet Underground qui est jouée suivie de Risingson, reprenant des samples de la chanson du VU ! Aujourd’hui le groupe célèbre son diamant noir et ce qu’il l’a influencé ! Géniale cette version de 10:15 Saturday Night (du Cure) couplée (jumelée !) à Girl Next Door et ce Drip, Drip, Drip, Drip… qui résonne ! 3D est omniprésent et chante souvent, comme sur les reprises des Cure, Bauhaus (excellente version de Bela Lugosi’s Dead) ou encore Ultravox. Daddy G est plus discret, mais il fait plaisir à voir.


Nous sommes toujours entre répulsion/attraction ! Mezzanine et Inertia Creeps sont poisseux, Black Milk lumineux ! Des messages et des images explicites passent sur les grands écrans qui prennent tout le fond de scène et les côté, nous ramenant 20 piges en arrière. La mode et les fringues ont changé mais c’est toujours la même merde qui ressort de ce monde aseptisé ! Un Trump qui remplace un Blair, une guerre qui en remplace une autre… Le constat du monde était déjà amère il y a 20 ans (Hussein, Blair, la famille royale anglaise qui s’encanaille…) mais finalement, aujourd’hui, c’est pire ( Trump (hué , mais pas) et Poutine (comme c’est bizarre !) faisant les beaux). Et encore des contrastes : images inoffensives avec musique lourde et dérangeante ; images poignantes ou dures sur musiques (quasi) douces et inversement ; La voix céleste de Liz Frazer sur une musique désincarnée ; la chaude déclamation d’Horace Andy sur des riffs ultra lourds.



Une chose qui m’a gêné de prime abord, c’est le traitement du son à certains moments : on a l’impression que la musique était presque « chétive » par rapport au disque mais plus le(s) titre(s) avançai(en)t plus la netteté se faisait et surtout la puissance qui se manifestait ! En effet, je me suis rendu compte que les batteurs, par exemple, jouaient tout en retenue par moment. Tout ceci pour mieux « exploser » ensuite ! Effet oppressant garanti sur Man Next Door, Angel ou Group Four !

Des messages sont passés en français, invitant à la réflexion sur les images, le traitement des images, nous face aux évènements, le recul à avoir, les façons d’agir, comment la société nous manipule depuis de nombreuses années, les théories du complot… J’ai bien aimé comment est amené Dissolved Girl : le message est « Vous pouvez être n’importe qui ! », et l’on voit une barre de recherche internet du groupe et ce titre. Puis commence un montage de gens qui jouent la ligne de basse, les guitares ou encore une fille face caméra qui chante la chanson. Des images que l’on voit à foison sur Youtube, où l’apprenti (ou professionnel) de la musique imite ses idoles !  Bien fait ! Bref, tout cela pour dire que le groupe pousse à réagir sur les vidéos truquées, les vidéos amateurs et, c’est sûr que quand arrive Teardrop et qu’environ 200 personnes brandissent en même temps leurs portables pour immortaliser le moment, je me suis dit : 1-qu’il y avait encore du travail ; 2-que la connerie humaine est insoluble ; 3-que les gens ne comprennent vraiment rien à rien (et ne veulent pas non plus chercher à comprendre d'ailleurs !).


Enfin, je n’ai quand même pas boudé mon plaisir de voir devant moi cette beauté de voix sur cette sublime musique : émotion totale avec ce Teardrop insurpassable de pureté ! J’ai profité à fond de cet instant présent (pas comme tous ces cons qui filmaient !). L’apothéose sur le final Group Four et le show se termine comme il a commencé : pas un mot , les musiciens se barrent sans nous saluer (ou presque), les lumières se rallument et nous, nous sommes groggy, perturbés et encore plein de questions ! La masse se dirige vers la sortie pendant que nous humons l’atmosphère particulière d’une fin de concert. La dure réalité nous rattrape : le service de sécurité nous empêche d’en profiter d’avantage. Quelle putain de salle de merde ! Nous nous rabattons vers le merch’ et ses t-shirt à 35€, pour refaire le monde avec les bières du Zénith à 6,50€ (sans la consigne) ! Ce groupe n’est pas à une contradiction près ! Un "concept global" qu’est ce Mezzanine, moi je vous le dis ! D’une certaine manière, la misanthropie à encore de beaux jours pour elle…

A bientôt les rockeuses et rockeurs tourmentés !

Arno

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