L’effet de ce disque sur ma pomme ! Je me suis revu,
squattant la chambre et la nouvelle chaine stéréo de la frangine, et surtout cette
claque ressentie lorsque j’ai entendu cette musique ! Attirante, repoussante, lumineuse,
noire, brassant pleins de styles différents (reggae, dub, hip hop, rock, metal…).
Une œuvre qui me reste chère, qui n’a pas pris une ride, qui (me) bouleverse
toujours autant… Un disque majeur, quoi ! Du genre que l’on porte, que l’on
a en soi jusqu’à la fin de ses jours. Qui restera quoiqu’il (nous) arrive !
Les parkings environnants sont bondés (cela faisait un bout
de temps que j’avais vu cela !) ; les files d’attentes pour rentrer
sur site sont pleines ; une femme chargée de la sécurité nous gueule
dessus et dit d’avancer mais c’est impossible ; l’attente est interminable
jusqu’à l’arrivée dans cette salle qui est déjà bien remplie ! Il n’y aura
pas de première partie, pas de (longs) discours, pas de rappel ! Brut
! Complètement, entièrement comme est Mezzanine.
Après avoir entendu avec ce qu’il se fait de pire de la
scène musicale anglo/américaine des 90’s et 00’s (Cher, la scie/slow de Robbie
Williams…), craché (c’est le mot, tellement s’était inaudible et saturé !)
dans les enceintes, les lumières s’éteignent et les musiciens s’installent !
Bruit blanc et images stroboscopiques qui mettent mal à l’aise ! Le
spectacle est posé, tout comme le propos. I Found a Reason du Velvet Underground qui est
jouée suivie de Risingson, reprenant des samples de la chanson du VU !
Aujourd’hui le groupe célèbre son diamant noir et ce qu’il l’a influencé !
Géniale cette version de 10:15
Saturday Night (du Cure) couplée (jumelée !) à Girl Next Door et ce Drip, Drip,
Drip, Drip… qui résonne ! 3D est omniprésent et chante souvent, comme sur
les reprises des Cure, Bauhaus (excellente version de Bela Lugosi’s Dead) ou
encore Ultravox. Daddy G est plus discret, mais il fait plaisir à voir.
Nous sommes
toujours entre répulsion/attraction ! Mezzanine et Inertia Creeps sont
poisseux, Black Milk lumineux ! Des messages et des images explicites passent sur les grands écrans qui prennent tout le fond de scène et les côté, nous ramenant 20 piges en arrière. La mode et les fringues ont changé mais c’est
toujours la même merde qui ressort de ce monde aseptisé ! Un Trump qui
remplace un Blair, une guerre qui en remplace une autre… Le constat du monde
était déjà amère il y a 20 ans (Hussein, Blair, la famille royale anglaise qui
s’encanaille…) mais finalement, aujourd’hui, c’est pire ( Trump (hué ,
mais pas) et Poutine (comme c’est bizarre !) faisant les beaux). Et encore des contrastes : images inoffensives avec musique lourde et dérangeante ; images poignantes ou dures sur musiques (quasi) douces et inversement ;
La voix céleste de Liz Frazer sur une musique désincarnée ; la chaude
déclamation d’Horace Andy sur des riffs ultra lourds.
Une chose qui m’a gêné
de prime abord, c’est le traitement du son à certains moments : on a l’impression
que la musique était presque « chétive » par rapport au disque mais
plus le(s) titre(s) avançai(en)t plus la netteté se faisait et surtout la puissance qui se manifestait !
En effet, je me suis rendu compte que les batteurs, par exemple, jouaient tout
en retenue par moment. Tout ceci pour mieux « exploser » ensuite !
Effet oppressant garanti sur Man Next Door, Angel ou Group Four !
Des messages sont
passés en français, invitant à la réflexion sur les images, le traitement des
images, nous face aux évènements, le recul à avoir, les façons d’agir, comment
la société nous manipule depuis de nombreuses années, les théories du complot… J’ai bien aimé comment
est amené Dissolved Girl : le message est « Vous pouvez être n’importe
qui ! », et l’on voit une barre de recherche internet du groupe et ce
titre. Puis commence un montage de gens qui jouent la ligne de basse, les
guitares ou encore une fille face caméra qui chante la chanson. Des images que
l’on voit à foison sur Youtube, où l’apprenti (ou professionnel) de la musique
imite ses idoles ! Bien fait !
Bref, tout cela pour dire que le groupe pousse à réagir sur les vidéos truquées,
les vidéos amateurs et, c’est sûr que quand arrive Teardrop et qu’environ 200
personnes brandissent en même temps leurs portables pour immortaliser le
moment, je me suis dit : 1-qu’il y avait encore du travail ; 2-que la
connerie humaine est insoluble ; 3-que les gens ne comprennent vraiment rien à rien
(et ne veulent pas non plus chercher à comprendre d'ailleurs !).
Enfin, je n’ai quand
même pas boudé mon plaisir de voir devant moi cette beauté de voix sur cette sublime
musique : émotion totale avec ce Teardrop insurpassable de pureté ! J’ai
profité à fond de cet instant présent (pas comme tous ces cons qui filmaient !). L’apothéose
sur le final Group Four et le show se termine comme il a commencé : pas un
mot , les musiciens se barrent sans nous saluer (ou presque), les lumières
se rallument et nous, nous sommes groggy, perturbés et encore plein de
questions ! La masse se dirige vers la sortie pendant que nous humons l’atmosphère
particulière d’une fin de concert. La dure réalité nous rattrape : le
service de sécurité nous empêche d’en profiter d’avantage. Quelle putain de salle
de merde ! Nous nous rabattons vers le merch’ et ses t-shirt à 35€, pour refaire le monde avec les
bières du Zénith à 6,50€ (sans la consigne) ! Ce groupe n’est pas
à une contradiction près ! Un "concept global" qu’est ce Mezzanine, moi je vous le
dis ! D’une certaine manière, la misanthropie à encore de beaux jours pour elle…
A bientôt les rockeuses et rockeurs tourmentés !
Arno