lundi 17 mars 2014

Disques : Metronomy, Bertrand Burgalat et Beck



      POP, ou musique populaire, à la base. Terme galvaudé qui désigne désormais les musiques qu’on impose aux auditeurs lambda à coup de matraquage à la radio et mis en avant sur les têtes de gondoles des magasins sans âmes. Très glamour comme image !
    Non, pour moi, la pop désormais, c’est un sens de la mélodie, de la musique douce ou enjouée, mélancolique ou joyeuse, fraiche ou nostalgique. Une musique comme un bonbon acidulé : un peu de sucre, mais juste ce qu’il faut pour remettre la main dans le paquet. Une parenthèse salvatrice, après les gros riffs et les rythmes pachydermiques, ça fait du bien de temps en temps. Avec ce moment printanier de mars (!!!), je vous fais part de mon envie de musique plus légère.

Beck – Morning Phase :


    Ce bidouilleur de génie manie les styles avec une facilité déconcertante. Morning Phase est présenté comme le successeur du magnifique Sea Change, sorti en 2002. Bonne pioche ! Si vous avez aimé ce dernier, vous aller vous régaler ! Dès l’entame, vous êtes sur du coton.

    Arrangements de cordes aux petits oignons (voir le magnifique Wave), basse ample et douce, batterie minimaliste mais efficace (Joey Waronker, le guitariste remplaçant Frusciante chez les Red Hot, sur la plupart des titres !), claviers/pianos vintages et guitares distillés avec finesse, sont les ingrédients de ce disque.  Une sorte de parenthèse enchantée ! Un skeud à écouter réellement, sans distractions autres, assis confortablement pour profiter de l’instant et s’évader… Une musique qui prend tout l’espace dans la pièce et dans l’esprit.

      Encore une réussite pour Beck, qui n’en vendra sûrement pas des masses, car tellement à l’opposé  de l’époque actuelle où tout va vite et où les gens ne prennent plus le temps de se poser et prendre du recul…



Bertrand Burgalat/A.S Dragon/Aquaserge - La Nuit Est Là :


    Encore un esthète de la pop, un oublié du succès, mais un mec qui ne lâche pas l’affaire (même si l’envie lui en a pris) ! Bertrand Burgalat est une sorte d’orfèvre qui façonne et produit, avec amour, de la musique (pop, soul, rock), à travers son label Tricatel. 45ème production du label, La Nuit Est Là, immortalise deux concerts de Burgalat avec les groupes A.S Dragon (en 2013) et Aquaserge (en 2009)

    Perso, j’ai découvert Burgalat avec le disque Burgalat Meets A.S Dragon et je pense que je ne me remettrai jamais de ce disque fabuleux et furieusement rock. Depuis j’ai découvert d’autres disques de mister Burgalat, dont le chef d’œuvre The SSSound Of Music, disque honteusement sous-estimé qui fait pourtant partie des (rares) beautés du patrimoine musical français.

    Retour aux fondamentaux avec La Nuit Est Là que je trouve moins rock que Meets, mais salement plus funky (voir cette basse bien moite !!). Ce disque est tellement cohérent que le changement de backing band est quasiment indécelable ! Je vous conseille d’écouter en priorité les titres suivants pour vous convaincre : le planant Aux Cyclades Electronique (Fermez les yeux, vous êtes en décapotable dans le sud de l’Italie !), La superbe reprise du Follow Me d’Amanda Lear (!!) et l’excellentissime et décalé Ma Rencontre (co-écrit avec P. Katerine). Trois titres indispensables pour mourir moins con. Et ensuite vous pourrez vous enfiler les sucreries pop que sont Survet’ Vert et Mauve (quel titre quand même !) ou Sans Titre, entre autres.


    Anachronique et hors modes, mais singulier et authentique ! Merci M. Burgalat et continuez le combat !

Nota : La version vinyle comporte 8 titres et un coupon pour récupérer les fichiers de la version CD qui elle en comporte 20.


Metronomy – Love letters :


    En 2011, Metronomy a sorti un fabuleux disque pop : English Riviera. Troisième disque de cette entité Anglaise, menée de main de maître par Joseph Mount, qui joue de tous les instruments. Drôle de sensation au départ pour ma pomme : après une écoute, je ressenti une sorte d’attraction/répulsion. Les mélodies étaient imparables, mais des claviers « Bontempi » qui m’écœuraient. Il m’a fallu de nombreuses écoutes pour amadouer la bête, mais désormais ce disque fait partie de la bande son de ma vie. Un disque d’été (en fait de toute l’année !!), que la famille entière connait et chante pendant nos virées en voiture.

    A l’annonce d’un nouvel album, je fus en même temps excité et méfiant. Qu’allait nous pondre Joseph : un English Riviera II pour entretenir le succès ? Un retour à l’électro pure des deux premiers skeuds (j’aime moins, même si quelques titres surnagent !) ? Bon en fait rien de tout cela ! L’accent est encore plus porté sur les mélodies et il n’y a pas de titre dancefloor bien rentre dedans à la The Bay ou Corinne ! Le premier extrait (I’m Aquarius) m’a fait le même effet que ma découverte du groupe : « ouais, bof » et après plusieurs écoutes, le titre c’est imposé tranquillement, mais sûrement. Ici, Mount, avec ces « Lettre d’Amour », se livre comme il ne s’est jamais livré (C’est lui qui le dit dans Rock et Folk !). On quitte les années 80 pour remonter à la source des 60’s et 70’s. Clairement, Metronomy ne caresse pas le fan dans le sens du poil et quelques écoutes seront nécessaires pour amadouer la « bête », mais quand c’est fait, c’est le genre de disque qui colle à la peau. Donc un conseil aux réfractaires : laissez du temps à cette œuvre ! Un seul défaut à ce disque : il est trop court !!

    Allez, revue en règle :

The Upsetter : Morceau d’introduction zen (guitares acoustique et quelques nappes de claviers) avec la voix de Joseph en mode aiguë plus qu’à la limite. Solo de guitare qui raconte une histoire : pas de démonstration, mais énormément de sentiment. C’est bô…

I’m Aquarius : Premier single, titre ouaté avec boites à rythme et claviers en avant. Chœurs féminins sur le refrain ; Addictif et planant (ça fonctionne bien avec le clip où Mount est déguisé en cosmonaute), la voix de Joseph mélangée aux « choux doup doup haaa » des filles…
Encore une démonstration du talent de ce mec pour trouver des mélodies imparables.

Monstrous : Intro type clavecin puis ritournelle orientalisante au clavier. Boites à rythmes, nappes de type « Bontempi » et titre au final très épuré, mais putain, ça fonctionne encore !

Love Letters : Intro aux trompettes avec une mélodie triste et d’un coup, break et le titre devient enjoué avec  ces filles qui scandent « Love Letters ». Frais et influence des sixties très nette, mais toujours avec un son des plus actuels. A noter, un solo de trompette qui assure un max pour terminer en beauté cette plage. Un titre pour faire bouger le « luc ».

Month Of Sundays : Retour au mid tempo avec le titre que je préfère. Organique et près de l’os avec cette rythmique caoutchouc et cette guitare bancale. Solo de gratte bien furieux au milieu du titre, qui dure, qui dure avec « Never in the month of Sundays » ad lib par les chœurs féminin. Un morceau qui me laisse pantois et qui est bien placé en fin de face A. La grande réussite de Love Letters ! Grand !

Boy Racers : Hommage aux papes de la disco, cet instrumental est funky à souhait et bien bas du cul ! Pour danser comme un dératé en se croyant dans les 70’s !

Call Me : Intro voix/claviers et mélodie au bord du kitch. Titre très mélancolique, qui demande quelques écoutes pour totalement adhérer.

The Most Immaculate Haircut : Un titre qui rappelle les slows de English Riviera. Joseph est encore en rupture sur le refrain, ce qui ajoute à la fragilité du mec qui se livre à nu. Break au milieu avec cigales et bruits de piscine ; un morceau qui donne envie de danser langoureusement avec sa moitié l’été, en fin de soirée.

Reservoir : Typique des ritournelles que le groupe pond avec un clavier. Une boite à rythme seulement pour accompagnement et un titre très entraînant, qui reste en tête longtemps. Ça parait simple ! Je ne sais plus qui disait qu’un bon titre pop était un titre qui paraissait simple. Et bien ici, on est en plein dedans.

Never Wanted : Parfait pour terminer le disque. Mélodie entêtante  à la guitare et basse bien caoutchouc ! Titre encore mélancolique qui reflète la teneur général de ce disque très homogène et une folle envie de remettre la face A.

D’ailleurs, c’est ce que je vais faire de suite !


A bientôt rockers des villes et des champs !

Arno

2 commentaires:

  1. Merci ! Encore une fois, ça donne envie d'aller faire un tour chez son disquaire :)

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