dimanche 11 mai 2014

Damon Albarn, The Legendary Tigerman, Thee Oh Sees, Miossec, The Afghan Whigs et Helms Alee



Helms Alee - Sleepwalking Sailors :


     Grosse baffe de ce début d’année ! Une sorte de  Sludge atmosphérique : entre ambiances poisseuses et moments célestes. Un trio Américain composé de deux filles qui assurent batterie/basse et chœurs et un guitariste hurleur qui sait aussi calmer sa voix (comme sur le titre Pinniped). Alternance de pure violence bien lourde et malsaine, et de belles plages pour planer tranquille.  La rythmique et les guitares peuvent être très très lourdes, mais aussi limpides et mélodiques pour nous emporter loin.  Le travail sur les antagonismes des voix accentue lui aussi cette impression. Chaque membre chante sur cet opus. Disque qui ne « débande » pas jusqu’à la note finale.
    Les compos se dévoilent au fur et à mesure des écoutes. J’y ai retrouvé des ressemblances avec les « feu » (malheureusement !) Burning Brides. Certains y trouveront aussi des ressemblances avec Mastodon. Il y a pire comme références ! Quoi qu’il en soit, un disque d’une fraîcheur vivifiante et fortement conseillé. Slow Beef avec sa longue intro reflète au mieux la musique de ce trio. Enfin, mention spéciale à cette pochette énigmatique, qui est, ainsi, la cerise sur le pudding.



The Afghan Whigs - Do To The Beast :


    Retour du groupe de Greg Dulli, qui fut intégré dans la vague Grunge des années 90. Sauf que les Whigs sont plus complexes que ce simple raccourci. Il y a du Rock oui, mais aussi des parties Soul et même parfois (un peu) Funk. Tout ça pour dire que 16 années après leur magnifique album 1965 (achetez-le ou volez-le !!), les voilà de retour dans les bacs avec Do To The Beast. Bon, pendant ce temps-là Dulli n’a pas chômé, entre les Gutter Twins (avec Marc Lanegan) et les Twillight Singers.
     Belle surprise que ce disque qui reprend les choses là où elles avaient été laissées, sachant que Dulli ne voulait plus entendre parler des Afghan Whigs (ils se sont retrouvés pour un concert et ont décidé de remettre le couvert en constatant l’attente des fans, couplé au plaisir qu’ils ont eu à rejouer ensemble).
     Ce disque est peut-être un poil plus rock que 1965, mais aussi avec ces quelques petites touches Soul  qui réchauffe le propos. Dulli est souvent sur le fil avec sa voix qui a morflé, mais ceci n’est pas sans un certain charme (Algiers premier extrait de l’album, sur laquelle il monte très haut). Ce grand monsieur à tout écrit lui-même, mais cela fonctionne parfaitement pour les Whigs. Les 3 premiers titres (ainsi que les 3 derniers d’ailleurs !) s’enchainent parfaitement entre eux, si bien que l’on croit avoir à faire à de longues plages qui changent d’ambiance.
     Album cohérent et qui comble parfaitement le manque, installé depuis ces longues années. A noter, un final avec cordes très poignant.  Le haut du panier Rock ! En espérant que ce groupe ait enfin le succès qu’il mérite.



Miossec – Ici-bas, Ici même :


     Dernier disque du Brestois, Ici-bas, Ici même est comme un retour aux sources. Pas du style Folk (pour la musique) et Punk (pour les paroles) de l’excellent, de l’indispensable, du séminal Boire. Miossec a pris quand même quasiment 20 ans dans la tronche depuis son premier album (comme nous tous, putain ça passe vite ! Mais j’ai l’impression que c’était seulement hier, cette claque qu’est Boire !). S’il n’est pas complètement assagi, sa situation n’est plus exactement la même. Père de famille, en couple et (normalement) complètement clean, ça fait quand même de sacrées différences avec l’époque où il sortait ses chansons « qui font pleurer les marins ».
      Les similitudes sont à trouver dans le traitement de la musique et ses paroles toujours désabusées et/ou mélancoliques.
      En effet, les arrangements, assurés par Albin de la Simone, sont minimalistes mais essentiels. La voix est toujours plus en avant, mais clairement les instruments sont mis en valeurs avec cette production très organique. Les mélodies sont belles à pleurer (comme souvent chez Miossec) et les chœurs féminins adoucissent encore l’ensemble (voir le superbe Nos Morts). J’avais quelque peu laissé tomber l’homme et sa musique depuis L’Etreinte, mais ce dernier opus me fait retrouver tout ce que j’aimais chez Miossec. Le pépère a écrit toutes les paroles, sauf pour deux chansons dont une écrite par le trop sous-estimé Stephan Eicher (Bête, comme j’étais avant, superbe !). Album réalisé à trois avec Albin de la Simone et JB Brunhes. A trois, comme le premier, tiens !
     Bon, je n’en aurais jamais marre de dire que Miossec est un homme très important de la chanson française. Un mec qui dénote avec tous les autres, qui vomit littéralement ses textes et qui nous pond toujours des mélodies à tomber à la renverse (exemple encore avec Des touristes qui clôt ce disque plus que réussi). Allez, bougez-vous et ne passez pas à côté de cet artiste, qui distille ses paroles comme des coups de poing, important pour la France et pour nos petites vies !!



Thee Oh Sees – Drop :


     En voilà qui ne chôment pas avec au moins un disque par an (s’il on oublie les EP et autres sorties diverses). Par contre, et là ça craint, celui-ci est annoncé comme le dernier des Oh Sees ! Pause momentanée ou définitive, telle est la question…
    Si c’est réellement terminé, Drop fait une belle épitaphe (quoiqu’un peu trop courte) à la carrière prolifique des Américains. Leur musique est toujours aussi enjouée et vivifiante ! Une grosse envie de bouger le cul qui vous prend, lorsque la musique démarre.  On parie! Essayez Penetrating Eye avec son riff de guitare tellurique et ses voix entrainantes. Imparable ! Et c’est comme ça durant les 9 titres et jusqu’à la fin de The Lens et son final qui rend hommage aux Beatles.
      Les compos évoluent toujours entre bordel organisé et bruit contrôlé. Mais les structures des titres sont, je trouve, encore mieux maîtrisés et souvent à tiroir. Pur Rock & Roll psyché comme je l’aime avec toujours cette touche de folie et cette urgence salvatrice. Mon coup de cœur c’est le titre Transparent World : lent, poisseux, heavy avec cette ligne de basse qui martèle la tête.
Pas de fioriture, juste de l’action. Thee Oh Sees me manque déjà…




The Legendary Tigerman – True:


     Alias Paulo Furtado, le portugais le plus Rock & Roll qui puisse exister sur cette terre. Brut, tout comme sa trogne en noir et blanc sur la pochette. Retour avec un disque roots de chez roots où il joue quasiment de tous les instruments. Résultat, vous êtes dans la pièce avec lui. Rockab’, Rock, Blues, tout y passe.
Mention spéciale à Gone avec l’apparition d’une section cuivre dévastatrice ; Wild Beast qui vous colle à la peau ; le calme magnifique de Love Ride ; I’m On the Run, superbe duo poignant et le final Is My Body Dead ?, d’une intensité  remarquable.
    Rien à jeter dans ce skeud qui prend du volume à chaque écoute. Même les reprises de classique du Rock & Roll sont dépoussiérées (Twenty Flight Rock , Green Onions…)
L’un des derniers purs avec les Blues Spencer Explosion. Gratte branchée dans l’ampli, un micro et c’est parti ! Basique, mais essentiel.



Damon Albarn – Everyday Robots :


    Damon Albarn, ce caméléon de la pop musique. Tour à tour agaçant mais aussi passionnant avec Blur ; inventif et libre avec Gorillaz ; surprenant et rafraichissant avec The Good, The Bad & The Queen ; défricheur et ouvert au monde avec ses potes Maliens (Mali Music) ; … et j’en oublie d’autres... Ici, c’est son premier album solo officiel, avec seulement son nom sur la pochette. En effet, Albarn, c’est lui qui le dit, aime bosser en groupe. Et il a fallu toute la persuasion de Richard Russel, producteur du disque et boss de XL Records, pour que Damon fasse ce projet seul et sous son nom. Soit le côté le plus mélancolique du monsieur.

    Le morceau titre et premier extrait plus qu’alléchant, m’a mis direct sur les fesses : sample d’introduction, cordes frottées qui font le gimmick avec cette voix reconnaissable entre toutes.


    La première écoute de cet album, m’a laissé le cul entre deux chaises : j’ai trouvé la musique classe, mais je me suis un peu ennuyé. Grande erreur ! C’est le genre de disque qui dont on perçoit la sève par petites touches. Et je dois dire que la deuxième écoute m’a scotché ! Comme si j’avais tout loupé  la première fois. Bon, cette musique est vraiment à écouter « without distraction », au calme, au casque et sans bruits parasites. Et un coup Everyday Robots démarrée c’est comme un voyage qui commence. Les titres sont presque tous collés les uns aux autres et le rythme est assez similaire durant les dix plages musicales et les deux courts intermèdes instrumentaux. Tout juste Mr Tembo et le final Heavy Seas Of Love sont un peu plus rythmés. La voix enregistrée qui ouvre le disque, est même répétée à la toute fin du disque.


    C’est donc une œuvre très homogène avec  ses samples de voix, ses boucles de rythmes basiques et/ou tribaux, ses arrangements de corde subtiles. On entend les frottées des accords de guitare, les doigts effleurant les touches du piano… Albarn réussi son coup et nous emporte avec lui dans ces  « paysages sonores » tour à tour mélancoliques (la chanson titre ou You and Me (avec Brian Eno aux synthés), qui foutent la chair de poule), tristes (la parfaite Hostiles, The Selfish Giant avec Natasha Khan de Bat For Lashes), nonchalants (Lonely Press Play enivrante) et sautillants (Mr Tembo, Heavy Seas of Love avec Brian Eno aux voix)…

 
   En l’écoutant, je me vois dans un train, avec les paysages qui défilent dehors et cette musique accompagnant mes pensées.
Un disque à écouter seul, pour un trip égoïste…  “When I’m lonely, I press play”

A très bientôt pour votre prochaine dose de Rock !!

Arno

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