Helms Alee - Sleepwalking Sailors :
Grosse baffe de ce début
d’année ! Une sorte de Sludge
atmosphérique : entre ambiances poisseuses et moments célestes. Un trio
Américain composé de deux filles qui assurent batterie/basse et chœurs et un
guitariste hurleur qui sait aussi calmer sa voix (comme sur le titre Pinniped).
Alternance de pure violence bien lourde et malsaine, et de belles plages pour
planer tranquille. La rythmique et les
guitares peuvent être très très lourdes, mais aussi limpides et mélodiques pour
nous emporter loin. Le travail sur les
antagonismes des voix accentue lui aussi cette impression. Chaque membre chante
sur cet opus. Disque qui ne « débande » pas jusqu’à la note finale.
Les compos se dévoilent au fur et
à mesure des écoutes. J’y ai retrouvé des ressemblances avec les
« feu » (malheureusement !) Burning Brides. Certains y
trouveront aussi des ressemblances avec Mastodon. Il y a pire comme
références ! Quoi qu’il en soit, un disque d’une fraîcheur vivifiante et
fortement conseillé. Slow Beef avec sa longue intro reflète au mieux la musique
de ce trio. Enfin, mention spéciale à cette pochette énigmatique, qui est, ainsi,
la cerise sur le pudding.
The Afghan Whigs - Do To The Beast :
Retour du groupe de Greg Dulli,
qui fut intégré dans la vague Grunge des années 90. Sauf que les Whigs sont
plus complexes que ce simple raccourci. Il y a du Rock oui, mais aussi des
parties Soul et même parfois (un peu) Funk. Tout ça pour dire que 16 années
après leur magnifique album 1965 (achetez-le ou volez-le !!), les voilà de
retour dans les bacs avec Do To The Beast. Bon, pendant ce temps-là Dulli n’a
pas chômé, entre les Gutter Twins (avec Marc Lanegan) et les Twillight Singers.
Belle surprise que ce disque qui
reprend les choses là où elles avaient été laissées, sachant que Dulli ne
voulait plus entendre parler des Afghan Whigs (ils se sont retrouvés pour un
concert et ont décidé de remettre le couvert en constatant l’attente des fans,
couplé au plaisir qu’ils ont eu à rejouer ensemble).
Ce disque est peut-être un poil
plus rock que 1965, mais aussi avec ces quelques petites touches Soul qui réchauffe le propos. Dulli est souvent
sur le fil avec sa voix qui a morflé, mais ceci n’est pas sans un certain
charme (Algiers premier extrait de l’album, sur laquelle il monte très haut).
Ce grand monsieur à tout écrit lui-même, mais cela fonctionne parfaitement pour
les Whigs. Les 3 premiers titres (ainsi que les 3 derniers d’ailleurs !)
s’enchainent parfaitement entre eux, si bien que l’on croit avoir à faire à de
longues plages qui changent d’ambiance.
Album cohérent et qui comble
parfaitement le manque, installé depuis ces longues années. A noter, un final
avec cordes très poignant. Le haut du
panier Rock ! En espérant que ce groupe ait enfin le succès qu’il mérite.
Miossec – Ici-bas, Ici même :
Dernier disque du Brestois, Ici-bas, Ici même est comme un retour aux sources. Pas du style Folk (pour la
musique) et Punk (pour les paroles) de l’excellent, de l’indispensable, du
séminal Boire. Miossec a pris quand même quasiment 20 ans dans la tronche
depuis son premier album (comme nous tous, putain ça passe vite ! Mais j’ai
l’impression que c’était seulement hier, cette claque qu’est Boire !). S’il
n’est pas complètement assagi, sa situation n’est plus exactement la même. Père
de famille, en couple et (normalement) complètement clean, ça fait quand même
de sacrées différences avec l’époque où il sortait ses chansons « qui font
pleurer les marins ».
Les similitudes sont à trouver
dans le traitement de la musique et ses paroles toujours désabusées et/ou mélancoliques.
En effet, les arrangements, assurés
par Albin de la Simone, sont minimalistes mais essentiels. La voix est toujours
plus en avant, mais clairement les instruments sont mis en valeurs avec cette
production très organique. Les mélodies sont belles à pleurer (comme souvent
chez Miossec) et les chœurs féminins adoucissent encore l’ensemble (voir le
superbe Nos Morts). J’avais quelque peu laissé tomber l’homme et sa musique
depuis L’Etreinte, mais ce dernier opus me fait retrouver tout ce que j’aimais
chez Miossec. Le pépère a écrit toutes les paroles, sauf pour deux chansons
dont une écrite par le trop sous-estimé Stephan Eicher (Bête, comme j’étais
avant, superbe !). Album réalisé à trois avec Albin de la Simone et JB
Brunhes. A trois, comme le premier, tiens !
Bon, je n’en aurais jamais marre
de dire que Miossec est un homme très important de la chanson française. Un mec
qui dénote avec tous les autres, qui vomit littéralement ses textes et qui nous
pond toujours des mélodies à tomber à la renverse (exemple encore avec Des touristes
qui clôt ce disque plus que réussi). Allez, bougez-vous et ne passez pas à côté
de cet artiste, qui distille ses paroles comme des coups de poing, important
pour la France et pour nos petites vies !!
Thee Oh Sees – Drop :
En voilà qui ne chôment pas avec
au moins un disque par an (s’il on oublie les EP et autres sorties diverses).
Par contre, et là ça craint, celui-ci est annoncé comme le dernier des Oh
Sees ! Pause momentanée ou définitive, telle est la question…
Si c’est réellement terminé, Drop
fait une belle épitaphe (quoiqu’un peu trop courte) à la carrière prolifique
des Américains. Leur musique est toujours aussi enjouée et vivifiante !
Une grosse envie de bouger le cul qui vous prend, lorsque la musique démarre. On parie! Essayez Penetrating Eye avec son
riff de guitare tellurique et ses voix entrainantes. Imparable ! Et c’est
comme ça durant les 9 titres et jusqu’à la fin de The Lens et son final qui
rend hommage aux Beatles.
Les compos évoluent toujours
entre bordel organisé et bruit contrôlé. Mais les structures des titres sont,
je trouve, encore mieux maîtrisés et souvent à tiroir. Pur Rock & Roll
psyché comme je l’aime avec toujours cette touche de folie et cette urgence
salvatrice. Mon coup de cœur c’est le titre Transparent World : lent,
poisseux, heavy avec cette ligne de basse qui martèle la tête.
Pas de fioriture, juste de
l’action. Thee Oh Sees me manque déjà…
The Legendary Tigerman – True:
Alias Paulo Furtado, le portugais
le plus Rock & Roll qui puisse exister sur cette terre. Brut, tout comme sa
trogne en noir et blanc sur la pochette. Retour avec un disque roots de chez roots
où il joue quasiment de tous les instruments. Résultat, vous êtes dans la pièce
avec lui. Rockab’, Rock, Blues, tout y passe.
Mention spéciale à Gone avec
l’apparition d’une section cuivre dévastatrice ; Wild Beast qui vous colle
à la peau ; le calme magnifique de Love Ride ; I’m On the Run,
superbe duo poignant et le final Is My Body Dead ?, d’une intensité remarquable.
Rien à jeter dans ce skeud qui
prend du volume à chaque écoute. Même les reprises de classique du Rock &
Roll sont dépoussiérées (Twenty Flight Rock , Green Onions…)
L’un des derniers purs avec les
Blues Spencer Explosion. Gratte branchée dans l’ampli, un micro et c’est parti !
Basique, mais essentiel.
Damon Albarn – Everyday
Robots :
Damon Albarn, ce caméléon de la
pop musique. Tour à tour agaçant mais aussi passionnant avec Blur ; inventif
et libre avec Gorillaz ; surprenant et rafraichissant avec The Good, The
Bad & The Queen ; défricheur et ouvert au monde avec ses potes Maliens
(Mali Music) ; … et j’en oublie d’autres... Ici, c’est son premier album
solo officiel, avec seulement son nom sur la pochette. En effet, Albarn, c’est
lui qui le dit, aime bosser en groupe. Et il a fallu toute la persuasion de
Richard Russel, producteur du disque et boss de XL Records, pour que Damon
fasse ce projet seul et sous son nom. Soit le côté le plus mélancolique du
monsieur.
Le morceau titre et premier
extrait plus qu’alléchant, m’a mis direct sur les fesses : sample d’introduction,
cordes frottées qui font le gimmick avec cette voix reconnaissable entre
toutes.
La première écoute de cet album,
m’a laissé le cul entre deux chaises : j’ai trouvé la musique classe, mais
je me suis un peu ennuyé. Grande erreur ! C’est le genre de disque qui dont
on perçoit la sève par petites touches. Et je dois dire que la deuxième écoute
m’a scotché ! Comme si j’avais tout loupé la première fois. Bon, cette musique est
vraiment à écouter « without distraction », au calme, au casque et
sans bruits parasites. Et un coup Everyday Robots démarrée c’est comme un
voyage qui commence. Les titres sont presque tous collés les uns aux autres et
le rythme est assez similaire durant les dix plages musicales et les deux courts
intermèdes instrumentaux. Tout juste Mr Tembo et le final Heavy Seas Of Love
sont un peu plus rythmés. La voix enregistrée qui ouvre le disque, est même
répétée à la toute fin du disque.
C’est donc une œuvre très homogène
avec ses samples de voix, ses boucles de
rythmes basiques et/ou tribaux, ses arrangements de corde subtiles. On entend
les frottées des accords de guitare, les doigts effleurant les touches du piano…
Albarn réussi son coup et nous emporte avec lui dans ces « paysages
sonores » tour à tour mélancoliques (la chanson titre ou You and Me (avec
Brian Eno aux synthés), qui foutent la chair de poule), tristes (la parfaite Hostiles,
The Selfish Giant avec Natasha Khan de Bat For Lashes), nonchalants (Lonely
Press Play enivrante) et sautillants (Mr Tembo, Heavy Seas of Love avec Brian Eno aux
voix)…
En l’écoutant, je me vois dans un
train, avec les paysages qui défilent dehors et cette musique accompagnant mes
pensées.
Un disque à écouter seul, pour un
trip égoïste… “When I’m lonely, I press play”
A très bientôt pour votre prochaine dose de Rock !!
Arno
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