Arrivés sur place, avec mon poto Anthony, le lieu fait déjà gros effet. Une église qui a traversée les âges pour devenir un musée. Enfin, "aujourd'hui" une bonne centaine de personnes(peut être plus, je ne sais pas exactement le nombre que nous étions !), attendent face à la scène et l'écran, entourés de ces statues qui les observent. Dans le cadre du Festival Angevin, Premiers Plan, Zenzile va nous interpréter Berlin, son dernier disque, avec le film, qui a inspiré leur musique, sur grand écran : Berlin symphonie d'une grande ville (1927), de Walther Ruttmann.
Quelle audace, me direz-vous (ou pas !), de proposer une musique aussi moderne sur un film qui date des années 20 ! Et, d'une certaine manière vous aurez raison ! Seulement, ce film, qui évoque une journée dans le Berlin de l'époque, est résolument moderne. Sans paroles, les nombreux thèmes évoqués (frénésie du travail, des constructions, le réveil de la ville, les différences sociales, les enfants, les soirées... etc) sont extrêmement explicites, émouvants et/ou poétiques. Berlin, entre deux guerres, est une ville très évoluée (machines automatisées, transports décuplés, commerces développés...) et la musique de Zenzile colle parfaitement à ces images (les "bidouillages" Electro pendant les scènes d'usines !).
Le disque, comme je l'ai évoqué précédemment, se suffit à lui même. Mais là, dans ce cadre et avec le film derrière, il prend encore une toute autre dimension. Les breaks, les accélérations font corps avec la pellicule qui défile. Les points forts sont encore plus magnifiés (cette guitare parfois Floydienne, le saxo sur Der Verkehr et la rythmique Post-Rock/Punk martelée). Les passages plus contemplatifs (la flûte au début de Die Laden, le piano magnifique sur Die Bourgeoisie) font mouche. Tout les arrangements sont posés, adaptés, millimétrés, mesurés... et c'en est bluffant de réussite. Une alchimie totale.
Le public était très éclectique, respectant les actes (le film est présenté en 5 actes) et n'applaudissant qu'à la fin de ces derniers (j'ose "religieusement" !). Celui-ci en aura pris plein les mirettes, en même temps que plein ses oreilles. D'ailleurs, bravo au sonorisateur du Chabada, qui a fait un travail extraordinaire et qui aura donné un rendu mémorable à cette soirée unique. Parce que, jouer dans une église n'a pas empêché le groupe de bien "tabasser", amplifiant le rythme imposé par les images qui passaient derrière eux. Par moments, certains ont dû se demander où ils étaient.
Ce concert fut un beau trip. Et j'ai bien eu du mal à redescendre de mon petit nuage, après ces 60mn intenses.
Après avoir joué au chat et à la souris pendant vingts années, j'aurai vu Zenzile deux fois en six mois. Deux concerts complètement différents mais à jamais marquants. Zenzile est plus que jamais un grand groupe. Un très grand groupe !!
Les dates de la tournée à suivre sont ici : http://www.zenzile.com/
Ne loupez pas ce groupe, s'il passe près de chez vous !
A très bientôt, pour de nouvelles aventures musicales, les amis.
Arno