mercredi 11 décembre 2013

Disque : Detroit - Horizons




          « Rien que la musique » et autres « On parle seulement de musique », voilà comment commence la plupart des articles et chroniques de cet album dans les médias. Mais je ne peux blâmer les gens qui ne peuvent plus écouter Cantat. J’ai fait une pause de Noir Désir de plusieurs mois après cet été de 2003. Je ne sais pas pourquoi (ou plutôt si !!), mais je n’arrivais plus à écouter cette musique qui avait tant compté dans ma vie, dans ma construction d’homme… J’étais déçu et complètement abasourdi. Depuis, j’ai réappris et mis cet « évènement » de côté. Sergio, Denis et Jean Paul n’y étaient pas pour grand-chose et ce groupe reste comme une belle exception dans le rock français. Une richesse et une intransigeance incomparable, encore aujourd’hui…
Voilà, dix années sont passées. Nwar Dez' n’est plus, les médias (les traditionnels, pas les spécialisés !) se gargarisent de chaque apparition de Cantat pour relancer la polémique, quant à sa légitimité à se montrer en public. Mais en même temps, il ne sait faire que ça : jouer, chanter et écrire des chansons…
Il revient donc aujourd’hui avec un nouveau projet qui est, au final, une très grande surprise. Parce que je n’attendais pas grand-chose de ce projet. Parce que le premier extrait (Droit Dans Le Soleil) m’a laissé de marbre, avec ce picking très vieille chanson française. Mais aussi, parce que, au final, Horizons est comme la continuité du magnifique Des Visages, Des Figures avec des compos sombres (comment pourrait-il en être autrement !), habitées et avec des paroles que chacun interprètera selon sa propre sensibilité.

Des titres lents mais denses et moites, ponctués de décharges électriques comme sur le titre Horizon (qui est la pièce maîtresse de cet opus). Un ensemble homogène et cohérent qui forme un tout avec cet artwork mystérieux. Une peinture tirée d’une photo prise par Cantat et déclinée sous différentes formes : gribouillé, ébloui de soleil, blanchit grossièrement, assombrit… De magnifiques arrangements écrit avec Pascal Humbert (Passion Folder, 16 Horsepower), l’autre tête pensante du projet Detroit, qui distille ligne de basse et contrebasse et apporte une certaine chaleur à l’édifice.  La relation avec Noir Désir tient aussi beaucoup à la voix incomparable et les sublimes giclées d’harmonica de Bertrand. La partie centrale formée de Detroit 1, Ange de Désolation et Horizons est tout simplement parfaite !  Ce qui fait que ce disque possède une montée vers cette partie et ensuite une descente relativement tranquille (Le Creux De Ta Main qui bouscule, Sa Majesté avec ses « sales » boucles) qui aurait dû se terminer seulement avec Null And Void (oui je ne suis pas convaincu par le final Avec Le Temps, dispensable pour ma part) qui rappelle beaucoup le titres The Chameleon et The Wound, titres chantés en anglais qui concluaient (presque pour le premier !) de façons magistrales les premiers Noir dez’.

Alors que la tournée annoncée du groupe est déjà pratiquement sold out, un sentiment ambivalent m’habite : la joie de retrouver cet artiste sur scène mais aussi beaucoup de questions en suspens et un drôle de sentiment malgré tout...

 

A bientôt les petits et les grands rockers.

Arno

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